Sun 5 Feb 2023
Podcast /
balado conscient

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balado conscient


(cloche et souffle) (bruit de feu de camp) Je vous invite à ralentir, ou peut-être à interrompre ce que vous êtes en train de faire et à écouter une histoire autour d\'un feu de camp. Nous sommes assis dans la neige, près de la rivière Preston à Duhamel, au Québec. La neige absorbe le son ici, mais il est aussi légèrement amplifié par le chalet et des arbres gelés. Il pleut, alors on entend aussi des gouttes d\'eau, de la neige et de la glace tomber entre les crépitements du feu. Parfois, lorsque je suis découragé par la crise écologique, ou par l\'urgence climatique,  je fais un feu de camp comme celui-ci pour me remonter le moral et me ressourcer. Les feux de camp sont aussi un endroit idéal pour raconter et pour écouter des histoires et susciter nos émotions. L\'histoire d\'aujourd\'hui est un extrait de ma conversation avec la photographe, spécialiste du climat, Joan Sullivan e96 - l\'espace liminal entre ce qui était et ce qui est à venir (en anglais).L\'histoire commence alors que Joan prend des photos en hiver au bord du fleuve Saint-Laurent, au Québec, près de Rimouski :●  Si vous vous êtes déjà tenu sur les rives d\'un fleuve en hiver sur lequel il n\'y a pas de glace, c\'est un peu, c\'est plutôt gris, n\'est-ce pas ? Ce jour-là, il n\'était pas gris, mais en général, un fleuve en hiver est juste une sorte de méandre dans un paysage grisâtre. C\'est banal. Ce n\'est pas spectaculaire. Et il m\'est venu à l\'esprit ce jour-là que la pire chose possible serait qu\'il devienne normal de voir une rivière sans glace. Cela devient normal et ce n\'est pas normal. Donc je ne savais pas quoi faire. J\'étais toute seule, tu sais ?●  J\'ai juste pris mon appareil photo et j\'ai essayé de prendre une photo de cette rivière, métaphoriquement enflammée, orange, mais mes mains tremblaient, tu sais, c\'était comme, clic, clic, clic. Et, et chaque image était floue. Et, je les ai juste toutes effacées. Alors j\'ai recommencé. J\'ai essayé de tenir l\'appareil photo, tu sais, appuyé contre ma poitrine, pour le stabiliser, et mes mains tremblaient, et c\'était la chose la plus étrange. En 30 ans de photographie, ça ne m\'était jamais arrivé de ne pas pouvoir calmer mes mains. Et j\'ai soudainement compris que mes mains ne tremblaient pas à cause du froid, mais à cause d\'une colère, tu sais, cette profonde colère devant notre indifférence collective face à la dégradation du climat. Attendez, nous continuons nos vies comme si, tu sais, la la la et rien, rien de terrible ne se passe. Il y avait donc ce sentiment de rage. Je veux dire, honnêtement, c\'est surprenant de voir à quel point cette rage qui sort de moi est violente.●  Je voulais crier, et j\'ai juste, tu sais, pris ma caméra et l\'ai déplacée violemment, ok ? De gauche à droite, de haut en bas, et presque, je suppose, c\'était presque comme si je me noyais dans l\'eau. Tu sais, mes bras battaient. Et je tenais l\'obturateur sans relâcher, tu sais, pour 20, 30, 40 photos à la fois. Et je l\'ai refait. Et oh, j\'étais juste, j\'étais juste, j\'étais juste hors de moi. Et tu sais, à un moment donné, tu t\'arrêtes et tu fixes la rivière. Et je me sentais impuissante. Je ne savais pas quoi faire... (Le son de la rivière continue en arrière-plan)Merci, Joan pour cette histoire et ton travail d’artiste. Vous pouvez écouter l\'intégralité de cette histoire de 8 minutes sur le balado conscient e96.La question pour cet épisode est tirée du conte de Joan :Que pouvons-nous faire face à notre indifférence collective ?*Le feu de camp de cet épisode a été enregistré le 30 décembre 2022 à notre chalet à Duhamel, Québec.L\'histoire d\'aujourd\'hui est un extrait de ma conversation avec la photographe, spécialiste du climat, Joan Sullivan e96 - l\'espace liminal entre ce qui était et ce qui est à venir (en anglais). Vous pouvez écouter l\'histoire au complète ici :-)La version vidéo YouTube de cet épisode comprend des séquences de notre chalet et de la série de photos Je suis fleuve de Joan. Pour plus d\'informations sur son travail, voir https://www.joansullivanphotography.com .Je suis reconnaissant et responsable envers la terre et le travail humain qui m\'ont offert le privilège de produire cet épisode (y compris tous les matériaux toxiques et les processus d\'extraction derrière les ordinateurs, les enregistreurs, les transports et les infrastructures qui rendent ce balado possible).
*Notes de fin d\'épisodePour en savoir plus sur la saison 5 et un court parcours historique du balado conscient voir information générales.Enfin, parallèlement à la production du balado conscient, je produis un bulletin Substack en anglais intitulée ‘a calm presence’ (une présence calme) que je décris comme ‘des essais courts et pratiques pour ceux qui sont effrayés par la crise écologique’. Pour vous abonner gratuitement, voir https://acalmpresence.substack.com. Note: je réalise également une version podcast de ce bulletin sur Substack et disponible sur tous les distributeurs de balados. Je suis reconnaissant et redevable à la terre et au travail humain qui m\'ont donné le privilège de produire ce balado, y compris les matériaux toxiques et les processus d\'extraction derrière les ordinateurs, les enregistreurs, les systèmes de transport et l\'infrastructure qui ont rendu cette production possible.Veuillez noter qu\'une transcription de chaque épisode du balado conscient est disponible sur la version web (mais pas  sur les applications de balados) à l\'adresse suivante : https://conscient-podcast.simplecast.com/episodes. Vos commentaires sont toujours les bienvenus à claude@conscient.ca ou sur les médias sociaux du balado conscient: Facebook, X, Instagram or Linkedin. Claude SchryerDernière mise à jour le 25 juin 2024